Malgré la subvention de l’Etat, seules les personnes nanties peuvent être admises sous traitement au centre construit en juillet 2009 après la promesse de Paul Biya en 2007.

C’est avec de la peine le Dr Mambap Alex, chef du Centre régional d’hémodialyse de Bamenda, voit partir sous ses yeux des patients souffrant d’insuffisance rénale, parce qu’ils n’ont pas assez de moyens financiers. Il en a vu ainsi une dizaine. Sept personnes ont commencé le traitement et l’ont abandonné quelques mois plus tard, faute d’argent. Il sait très bien le destin fatal qui est celui-ci de ces malades-là, qui, pour bénéficier des services des appareils du centre d’hémodialyse de Bamenda, doivent débourser au moins 10 000 francs Cfa par semaine jusqu’à la fin de leur vie.

En fait, à l’hôpital régional de Bamenda où est installé le centre, une séance d’hémodialyse coûte 5 000 francs Cfa. Et le patient est tenu d’effectuer deux séances par semaine. Le Dr Mambap Alex explique : « Avant de commencer le traitement, nous nous assurons que le patient peut supporter les coûts. Nous expliquons bien aux patients atteints d’insuffisance rénale les deux moyens de guérir. Soit ils effectuent une transplantation rénale, ce qui ne se fait pas encore au Cameroun ; soit ils optent pour l’hémodialyse. Un traitement médical permettant de débarrasser le sang des déchets toxiques par filtration sur un rein artificiel. Nous dialoguons aussi avec au moins deux membres de la famille du patient qui peuvent payer les prestations, parce que cela ne sert à rien de commencer un traitement et de l’abandonner. Car, à ce moment là, l’Etat perd aussi ».

Plus encore, avant d’entamer le traitement, le malade doit débourser une somme de 60 000 francs Cfa pour l’achat du cathéter (tube de prélèvement qui sera introduit dans son corps). Il faudra par ailleurs acheter au moins trois médicaments de tension, ajoute le Dr Mambap Alex, qui évalue le montant mensuel minimal des dépenses à 200 000 francs Cfa. Le salaire de six personnes si l’on s’en tient au Salaire minimal interprofessionnel garanti (Smig) du Cameroun.

D’après le directeur de l’hôpital régional de Bamenda, le Dr Charles Nde Awasom, une séance d’hémodialyse coûte normalement 110 000 francs Cfa. Mais l’Etat subventionne à hauteur de 105 000 francs Cfa. Malgré cette subvention, le traitement n’est pas toujours aisé comme le reconnaît le Dr Mambap Alex : « Même à 5 000 francs Cfa, c’est encore cher pour les patients ici. Car on ne commence pas ce traitement pour l’abandonner par la suite. C’est pour la vie ». Or, en décembre 2007, en promettant la création de ce centre et de bien d’autres, le président de la République, Paul Biya, déclarait : « A terme, nous devrions aboutir à un dispositif d’assistance médicale qui ne laisserait aucun Camerounais sans soins, quels que soient ses moyens ». Aujourd’hui, les patients soufrent encore et plaident pour une réduction des coûts.

Toutefois, le centre d’hémodialyse de Bamenda, construit en juillet 2009 est, de l’avis du Dr Charles Nde Awasom, un cadeau du chef de l’Etat pour les régions du Nord-Ouest et de l’Ouest. En effet, avant, les populations de ces deux régions se rendaient à Douala ou à Yaoundé pour les séances d’hémodialyse.

Centre régional d’hémodialyse de Bamenda

Création : juillet 2009

Inauguration officielle : 02 décembre 2009

Nombre de patients à ce jour : 48

Nombre de malades par jour : 18

Provenance des patients : Nord-Ouest, Ouest et Centre (Yaoundé)

Equipements : un filtre adoucisseur, un bac à sel, un filtre à charbon, un osmoseur, un serveur, une armoire informatique au système Tdns et huit générateur de dialyse, un groupe électrogène.

Personnel : deux médecins, dix infirmiers et trois techniciens

Coût d’une séance d’hémodialyse : 5 000 francs Cfa