
Pour le socio-politologue, les pays modernes ont des présidents ayant une énergie physique et une grande vitalité intellectuelle.
Quel regard portez-vous sur les chefs âgés qui gouvernent les Etats africains ?
Effectivement, un certain nombre de chefs d’Etats d’Afrique ont un âge qui va de 60 à 70, voire 80 ans. Il n’y a aucune insolence à les classer parmi les seniors ou les vieux.
En Afrique, les personnes âgées sont considérées comme des sages. Peut-on dire que c’est pour cela que l’on admet la longévité de nos chefs d’Etat à la tête des pays ?
La présence de ces chefs d’Etat ayant un certain âge, qui sont soit des sexagénaires, soit des septuagénaires et peut-être demain rapidement des octogénaires, est évidemment la marque d’un certain héritage culturel dans le passé, quelques soient les formes de pouvoir qui existaient. Très souvent, ceux qui avaient le pouvoir étaient généralement des personnes âgées. Il y a dans l’Afrique centrale actuelle une conservation de cet héritage culturel, même s’il est affecté à d’autres orientations et usages politiques.
Ce n’est pas nécessairement le seul fait du répertoire de l’héritage culturel africain. C’est aussi le fait d’une certaine usure des systèmes étatiques qui se sont mis en place depuis la décolonisation dans les années 1960. Dans un certain nombre de ces pays, fondamentalement, la classe gouvernante a changée. Elle a aussi gagné en âge. Des pays comme le Cameroun ou dans une moindre mesure le Gabon en sont significatifs. Les choses ne sont pas différentes au Congo et en Centrafrique.
La vieillesse de nos chefs d’Etat peut-elle être considérée comme un handicap pour le développement de nos Etats ?
Sur ce point, il convient d’être extrêmement prudent. Le développement d’un pays ne se juge pas seulement à la capacité des chefs d’Etat, même si dans les systèmes politiques qui demeurent centralisés le niveau de performances de ces chefs d’Etat peut affecter dans un sens ou dans un autre le cours du développement. Cela dit, il est clair que pour pouvoir gérer les sociétés confrontées à l’accélération des rythmes de la modernité, on a besoin des chefs d’Etats qui sont dans la force de l’âge. C’est-à-dire ceux qui ont une certaine énergie physique et qui ont encore une grande vitalité intellectuelle. C’est en cela que le grand âge vers lequel progressent nos chefs d’Etats peut devenir un handicap pour le développement. Parce qu’ils ne sont plus nécessairement à l’écoute des innovations et des changements du monde, parce qu’ils ne suivent plus nécessairement le rythme du monde qui les environne.
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