La Banque mondiale a rendu public ce matin son rapport sur le développement dans le monde en 2011.
Conflits, sécurité et développement. C’est le titre du rapport sur le développement dans le monde en 2011 que la Banque mondiale a rendu public ce 11 avril 2011. D’après ce rapport, environ 1,5 milliards de personnes vivent dans les pays touchés par les cycles répétés de violence politique et criminelle. « Une situation qui engendre de la misère humaine et entrave le développement », souligne le rapport.
Les auteurs du rapport ont mené des enquêtes dans six pays et territoires frappés par la violence. « D’après les personnes interrogées, les conflits sont principalement dus à des revendications liées au bien-être économique des individus (pauvreté, chômage) et à l’injustice (notamment les inégalités et la corruption) », indique le rapport.
Ce rapport pointe du doigt l’injustice de l’aide au développement accordée par la communauté internationale aux pays qui sortent d’une crise et aussi la volatilité de cette aide. « L’aide aux pays sortant d’un conflit prend le pas sur la prévention : l’utilisation d’un critère de progrès ponctuel et les difficultés liées aux actions de prévention ont entraîné une focalisation excessive sur les questions de transition à l’issue de conflits. Le montant de l’aide et des opérations de maintien de la paix mises en œuvre au profit des pays sortant d’une guerre civile est bien supérieur au montant de l’aide fournie aux pays qui s’efforcent de prévenir une escalade de leurs conflits », précise la note résumant le rapport.
Plus clairement, la communauté internationale vient en aide uniquement quand il faut reconstruire et non quand il faut prévenir une crise.
Tableau illustration : Les causes des conflits selon la Banque mondiale.
Opinion
Ce qui fait dire à Jean-Paul Ayina, enseignant associé à l’Institut des relations internationales du Cameroun, que la communauté internationale vient s’enrichir dans les pays qui sortent d’un conflit. Et ce, dans la logique destruction-reconstruction. « Les interventions militaires actuelles en Afrique (Côte d’Ivoire et Libye) sont économico-stratégiques et obéissent à la théorie de la destruction – reconstitution qui consiste à détruire les pays du Sud, pour ensuite revenir en « sapeur pompier » pour les reconstruire, en se taillant les parts de marché, pour le bonheur des entrepreneurs, des entreprises, des chômeurs, etc. des pays destructeurs ! », explique-t-il.
Quelques chiffres du rapport de la Banque mondiale
ZERO : Aucun pays fragile à faible revenu ou touché par un conflit n’a encore atteint un seul objectif de développement pour le Millénaire.
20 points de pourcentage
Les taux de pauvreté sont plus élevés de 20 points de pourcentage dans les pays qui ont été en proie à des cycles répétés de violence au cours des 30 dernières années. Chaque fois qu’un pays est en proie à des violences pendant un an, l’écart de pauvreté se creuse de près d’un point de pourcentage.
1,5 milliard
1,5 milliard d’êtres humains vivent dans des pays qui sont actuellement en proie à des violences ou qui se remettent de situations caractérisées par des violences politiques, la fragilité et/ou des taux d’homicide élevés.
2, 1,5 et 3 fois
Les êtres humains vivant des pays actuellement touchés par la violence courent un risque deux fois plus élevé de souffrir de sous-alimentation et 50 % plus élevé d’être pauvres. Leurs enfants courent un risque trois fois plus élevé de ne pas être scolarisés.
15%
Dans les quatre semaines qui ont suivi le début du soulèvement en Libye, les cours mondiaux du pétrole ont augmenté de 15 %.
42 millions
42 millions de personnes (ce qui correspond approximativement à la population totale du Canada ou de la Pologne) sont aujourd’hui déplacées par suite de conflits, de violences où d’abus des droits de l’homme. 15 millions d’entre elles sont réfugiées dans un autre pays et 27 millions sont déplacées dans leur propre pays.
90 %
90 % des guerres civiles observées au XXIe siècle se sont déroulées dans des pays qui avaient déjà connu un conflit civil au cours des 30 années précédentes.
43 %
Les pays ayant récemment connu des abus des droits de l’homme sont bien plus exposés au risque de conflit que ceux qui ont une longue tradition du respect des droits de la personne humaine. Chaque passage à l’échelon supérieur sur l’échelle à cinq niveaux de la terreur politique (Political Terror Scale) – qui couvre les détentions arbitraires au motif d’activités politiques non violentes, la torture, les disparitions, et les exécutions extrajudiciaires – entraîne un accroissement de plus de 43 % du risque de guerre civile dans les cinq années qui suivent.
30 – 45 %
Les pays où l’efficacité de l’administration, l’état de droit et la lutte contre la corruption sont déficients courent un risque de 30 à 45 % plus élevé de devenir le théâtre d’une guerre civile et un risque sensiblement accru de connaître des violences criminelles extrêmes que d’autres pays en développement.
5,7 à 11,2 milliards de dollars
Les actes de piraterie maritime auraient, selon les estimations, un coût économique direct compris entre 5,7 et 11,2 milliards de dollars, y compris le montant des rançons et les coûts encourus par suite du changement d’itinéraire des navires et des assurances. Les efforts déployés à l’échelle mondiale pour maîtriser et décourager les actes de piraterie ont coûté, selon les estimations, 1,7 et 4,5 milliards de dollars en 2010.
0,7 %
Les retombées économiques pour les pays touchés par un conflit sont souvent considérables. Selon les estimations, un pays perd 0,7 % de son PIB annuel pour chaque pays voisin en proie à une guerre civile.
Similaire
0 commentaires