La tragédie du roi Gbagbo

Naviguez sur les http://fakewatch.is/ canaux pittoresques d’Amsterdam, bordés de charmants bâtiments historiques.

19 Avr 2011 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires

Le président sortant de la Côte d’Ivoire est arrêté le 11 mars 2011 après avoir résisté jusqu’au bout, malgré la neutralisation de ses troupes, acceptant ainsi humiliation au lieu de reddition. 
Le visage hagard, l’air embarrassé, la chemise déboutonnée, assis sur son lit, expliquant, sans doute sans être suivi, des choses à des gourous furieux d’Alassane Ouattara, les images (sans sons) de l’arrestation de Laurent Gbagbo qui font le tour du monde des chaînes de télévision véhiculent  un symbole fort : le pouvoir de celui qui a dirigé la Côte-d’Ivoire pendant dix ans est anéanti.  Le président est tombé. La puissance, la force, le pouvoir ont véritablement changé de camp. 
Pour couronner le tout, gros plan sur des rides d’un visage affaibli et dégoulinant de grosses gouttes de sueurs de capitulation. Avec en prime, recroquevillée aux côtés de son mari impuissant, une Simone Gbagbo toute aussi perdue, regardant avec imploration de clémence ses nouveaux bourreaux.  Le message est fort. Plus encore, l’un des fils du président, brandi comme un trophée par les militaires de Ouattara à sa sortie musclée de la résidence présidentielle,  est brutalisé. Le sang qui coule sur son dos en dit long sur ce qu’il a subit. Une chute qui frise avec l’humiliation.
Alors, le président Laurent Gbagbo est effectivement tombé ce 11 avril 2011. Lui qui ne voulait pas reconnaitre la victoire de son rival Alassane Ouattara depuis l’élection présidentielle de décembre 2010 ; lui qui ramait à contre courant de la Cédéao, de l’Union africaine, des Etats-Unis, de la France et de la communauté internationale qui ont tous reconnu la victoire d’Alassane Ouattara et lui ont demandé de partir  ; lui qui, quelques jours avant sa chute, refusait de capituler, malgré la perte du contrôle de toutes les villes du pays y compris d’Abidjan. 
Jusqu’au-boutiste patenté ou certain de pouvoir reprendre progressivement du terrain face aux hommes lourdement armés ?  Sont à ses trousses, 10 000 combattants des Forces armées républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) fidèles à Ouattara, dont 5 000 mobilisés à Abidjan ; 9 000 casques bleus de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) dont 2 250 à Abidjan et 1 650 soldats de l’Opération française Licorne. Tout ceci contre les 200 fidèles combattants des Forces de défense et de sécurité (Fds) dont des éléments de la Garde républicaine et du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cescos) qui assurent la protection de la résidence présidentielle de Cocody à Abidjan. Les Fds évaluées au départ à 60 000 soldats ont tous capitulé ou rejoint les Frci et n’atteignait plus un millier dans tout le pays. 
« Ne me tuez pas ! »
Côté armement, les Fds disposent  des pièces d’artillerie, des chars blindés, des lance-roquettes, des canons anti-aériens et des  dizaines de pick-up. La Licorne, elle, a ses quatre hélicoptères Gazelle et Puma du 1er RHC et l’Onuci deux hélicos Mi-24. Sans compter l’arsenal présent au sol. 
Objectif des Frci, faire tomber Gbagbo par tous les moyens. La force Licorne, depuis le vote de la résolution 1721 (1er novembre 2006), confortée par la résolution 1975 du 30 mars 2011, et conformément à l’accord politique de Ouagadougou (signé le 4 mars 2007), a pour mission de soutenir l’Onuci, en plus de sa mission principale qui est d’assurer la sécurité des ressortissants français.  L’Onuci, elle, intervient dans ce conflit en vertu de la résolution 1975 de l’Onu qui demande à Gbagbo de se retirer et donne mandat à l’Onuci d’utiliser « tous les moyens » pour « protéger les civils » et « prévenir l’usage d’armes lourdes ».
Si plus de 59 000 soldats des Fds ceux là ont capitulé, Gbagbo, lui, résiste. Le mardi 05 avril, alors que tout semble joué pour la victoire de son rival et que l’on annonce sur tous les médias que Gbagbo négocie son départ, celui-ci, dans un entretien accordé dans certains médias français, dont Lci, dément.  « J’ai gagné l’élection et je ne négocie pas mon départ. Je trouve absolument incroyable que le monde entier joue ce jeu de poker. Je ne comprends pas comment une dispute électorale en Côte-d’Ivoire a amené l’intervention directe de l’armée française. Je ne suis pas un kamikaze. J’aime la vie. Ma voie n’est pas celle d’un martyr, non, non, non. Je ne cherche pas la mort. Ce n’est pas mon objectif de mourir », explique Laurent Gbagbo. 

Son objectif n’est donc pas de mourir et il l’a réitéré avec insistance aux soldats qui l’ont capturé et transféré à l’hôtel du Golf transformé en palais présidentiel provisoire de Ouattara. Du moins, si’ l’on en croit les déclarations des « Comzones », forces fidèles à Ouattara depuis neuf ans, qui ont participé à l’opération du lundi 11 avril. « Lorsque nous avons défoncé la porte du bunker à la roquette, le président Gbagbo s’est rendu en disant « Ne me tuez pas, ne me tuez pas ! », raconte le commandant Morou Ouattara sur les ondes de Rfi le 13 avril 2011. 
La bataille d’Abidjan
Comment est-on arrivé à la fin de celui qui s’est longtemps considéré comme un défenseur des valeurs africaines et de l’indépendance de l’Afrique ? Le chemin est si long que nous allons simplement commencer par la fameuse bataille d’Abidjan le 04 avril 2011. 
Toutes les villes du pays étaient déjà acquises aux forces d’Alassane Ouattara, sauf Abidjan. Dans l’après-midi de ce lundi-là, les Frci, sous le commandement du général Soumaïla Bakayoko, lancent l’assaut final sur Abidjan. L’ex-chef d’Etat major des Forces nouvelles (Fn) est à la tête de plus de 13 000 combattants qui viennent de toutes les entrées de la ville. L’opération est pilotée par le Premier ministre de Ouattara, Guillaume Sorro. Il faut neutraliser le quartier Cocody, le quartier où sont situées la résidence présidentielle et la Radio télévision ivoirienne. Ils sont aidés par les forces françaises et l’Onuci.

Les Frci trouveront sur leur chemin les farouches éléments de la Garde républicaine et du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cescos), raconte Jeune Afrique. Les combats sont intenses. Peur sur Abidjan. Le lendemain 05 avril 2011, les combats se poursuivent autour du Palais présidentiel. La Rti frappée a arrêté ses programmes et une partie de l’arsenal militaire des Fds a été détruite par les hélicoptères de l’Onuci. Face à cette situation, le général Philippe Mangou capitule et demande un cessez-le-feu. Gbagbo, lui, résiste. L’Onuci annonce le début des négociations avec le président sortant. La France, l’Union africaine par le biais de la Mauritanie et de l’Afrique du Sud s’activent également. 
Au moment où les négociations sur les  conditions du départ de Laurent Gbagbo avancent, la France exige un document signé de Gbagbo attestant qu’il renonce au pouvoir et reconnaît Alassane Ouattara comme le seul président de la Côte d’Ivoire. Niet, répond Gbagbo. Dans la soirée, celui-ci annonce dans les médias que « J’ai gagné l’élection et je ne négocie pas mon départ ». Il invite son rival une fois de plus de s’asseoir sur une même table et à discuter de la sortie de crise. Le 06 avril, les combats reprennent. « On va sortir Gbagbo de son trou et le remettre au président Ouattara », déclare Sidiki Konaté, homme de main de Sorro. 
Le palais présidentiel est encerclé par les forces pro-Ouattara le 07 avril. A présent, plus de tirs. On isole Gbagbo et, dans la soirée, le président Ouattara s’adresse à la nation avec le costume d’un rassembleur qui invite les Ivoiriens à travailler tous ensemble pour la reconstruction et promet des sanctions aux auteurs des exactions. Comme si la page Gbagbo était tournée. Par la même occasion, il annonce la levée des sanctions qui pèsent sur l’économie ivoirienne, dont l’embargo sur les ports d’Abidjan et de San Pedro. 
Le lendemain, les populations sortent progressivement dans les rues d’Abidjan. Mais, elles regagnent aussitôt leurs domiciles quand elles entendent que des snipers de Gbagbo ont tiré sur l’hôtel du Golf. Les combats reprennent à nouveau. 
La fin
La Rti repasse dans les mains des forces de Gbagbo et recommence ses programmes. Ceci suite à la bataille entre les membres du Commando invisible d’Ibrahim Coulibaly, l’ex chef de l’insurrection de 2002, qui avaient récupéré la Rti et les Frci de Guillaume Sorro. C’est du moins ce qu’indique Jeune Afrique.
Tout bascule dans la nuit du 10 au 11 avril 2011 quand les forces armées françaises et l’Onuci bombardent les  armes et l’arsenal militaire postés à l’entrée du palais présidentiel. Le 11 avril dans l’après-midi, aux environs de 15h, 200 à 300 comzones pénètrent dans le palais présidentiel et vont capturer Laurent Gbagbo ainsi que 105 fidèles du président sortant terrés au sous-sol de sa résidence. Et ce, sans résistance. « Je me rends, je me rends. Ne me tuez pas, ne me tuez pas ! », a demandé le président Gbagbo, raconte le commandant Morou Ouattara qui a participé à l’assaut final. « Le président était au sous-sol. Ce n’était pas un bunker. On a est allé le chercher tranquillement. Le président est sorti de lui-même, on lui a mis un gilet pare-balles pour éviter qu’un coup de feu parte de quelque part pour salir notre mission. Il connaissait la plupart d’entre nous. Quand il a vu le commandant Morou, il s’est rassuré qu’on ne pouvait pas lui faire du mal », raconte, le 13 avril 2011 sur Rfi, le commandant Wattao qui a également participé à l’opération. Watao reconnaît que certains fidèles de Gbagbo ont été roués de coups de poing et que dans cette situation les militaires sont excités.
Puis, Gbagbo est transféré au Golf hôtel et livré aux pieds de son rival Ouattara. C’est la fin d’un combat et d’un conflit entre deux hommes qui auront duré quatre mois. Mais, pas la fin de la bataille. Car, celle de la réconciliation et de la reconstruction s’annonce encore plus rude après les nombreux dégâts humains, matériels et socio-économiques enregistrés.
Beaugas-Orain Djoyum
Avec l’aide de la France

La France a joué un rôle majeur dans la chute de Laurent Gbagbo. Le 03 avril 2011, ne pouvant plus avancer au palais présidentiel d’Abidjan face à la forte résistance des Fds, les Frci s’en remettent à Ouattara qui appelle Sarkozy et lui demande son aide pour neutraliser l’arsenal militaire des Fds et déloger Laurent Gbagbo. « Ce n’est pas à nous de faire le job, c’est à l’Onuci », répond le président français repris par Jeune Afrique (N°2622 du 10 au 16 avril 2011).  Mais,  les deux hélicoptères de l’Onuci sont incapables de faire face aux armes lourdes de Gbagbo lui explique Ouattara. « Dans ce cas, il faut que l’Onu nous fasse une demande formelle, par écrit », indique Sarkozy toujours cité par Ja.
La voie diplomatique est mise en marche. Ban Ki Moon, le Sg de l’Onu, appelle Sarkozy et lui promet une lettre dans la soirée du 03 avril. A 16h30, Sakozy entreprend des consultations. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, les directeurs de cabinet de François Fillon, le Pm, et d’Alain Juppé, le chef de la diplomatie française, et bien d’autres personnalités sont consultés. Puis, Sarkozy rappelle Ouattara. C’est Ok. Mais, indique –t-il, les forces françaises ne traiteront que les armes lourdes de Gbagbo qui doit avoir la vie sauve. « Il faut que tu y veilles personnellement », lui précise Sarkozy. Un changement de discours de celui qui à son arrivée à la tête de l’Etat en mai 2007 déclarait que « la France n’est plus le gendarme de l’Afrique ». 
Après l’arrestation de Gbagbo le 11 avril, certains médias vont même déclarer que ce sont les Forces françaises qui ont capturé Gbagbo. Information qui sera vite démentie.

Naviguez par Tags : Époque Blog

Articles similaires

0 Commentaires

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *