Hilaire Kamga, secrétaire permanent de la plate-forme de la société civile
Appel à la candidature de Paul Biya en 2011 : les leaders d’opinion réagissent
Nous avons lu avec beaucoup d’amusement, d’inquiétude et de dégoût le fameux «Appel de Yaoundé » signé des responsables RDPC de la Région Centre.
Il est évident que cet Appel de Yaoundé ne nous apporte aucune information nouvelle. On se souvient que des auteurs de cet appel sont aussi les signataires en novembre 2007 de la « Motion de la Lékié » appelant le président Biya à modifier la Constitution afin de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle de 2011. Les arguments développés alors par MM Eyebé Ayissi, Essimi Menye et autres dans cette 1ère motion venue de la Lékié, tendaient à faire croire à l’opinion que le Cameroun ne pouvait pas se passer de M. Biya comme président. La Plate-forme de la société civile pour la démocratie avait alors immédiatement pris bonne note de l’auto-disqualification de motionnaires du RDPC par rapport au leadership post-Biya.
En signant l’appel de Yaoundé, ils confirment tout simplement leur incapacité et leur disqualification pour la course au remplacement de Biya dès lors qu’ils reconnaissent de fait qu’ils sont incapables de gouverner le Cameroun sans Biya. Nous ne pouvons qu’être fiers de savoir qu’ils sauront rester à l’écart lors de la prochaine compétition pour le leadership national.
Nous sommes inquiets pour le président de la République. Comment des personnalités en qui il place toute sa confiance peuvent-elles s’organiser pour essayer de le pousser à la faute ? Comment ne peuvent-ils pas comprendre que M. Biya a aussi droit à une retraite paisible après près de 40 ans de «loyaux » services rendus au Cameroun ? Je pense sincèrement que si ces gens voulaient du bien au président Biya, ils lui auraient vivement conseillé de quitter les affaires par la grande porte en s’abstenant de se représenter en 2011. Comment peuvent-ils honnêtement demander au citoyen Biya de concourir à la prochaine élection présidentielle alors qu’ils devraient être conscients que la grande majorité des Camerounais est déterminée à essayer une autre forme de gestion du Cameroun après l’élection de 2011. Comment entendent-ils gérer une éventuelle humiliation du candidat Biya au cas où celui-ci perdait l’élection de 2011 avec un large score comme cela est prévisible.
En tout état de cause, les cirques des appels à candidature relèvent d’une autre époque et ces dignitaires du pays devraient le savoir.
Nous souhaitons vivement que M. Biya quitte le pouvoir en 2011 la tête haute et nous le soutiendrons dans cette perspective si c’est nécessaire. Nous suggérons donc qu’il n’accorde aucune attention à ce piège qui lui est tendu par ses conseillers du Rdpc, car ses chances de réunir plus de 15 % de suffrages lors du prochain scrutin où nous attendons près de 10 millions d’électeurs sont minces.
Il est évident qu’après le folklore du Mont Fébé, d’autres prévaricateurs du Rdpc dans les autres régions du Cameroun vont continuer cette logique distractionnelle, dont le peuple camerounais (différent des Camerounais qui profitent du pillage du pays) n’en a vraiment pas besoin. Nous espérons simplement qu’à l’heure du pluralisme, la Crtv, qui ne doit pas être simplement un média du Rdpc, saura devenir media citoyen en publiant les réactions contraires aux positions des caciques du Rdpc qui, pour beaucoup, sont plus préoccupés à sauvegarder les positions d’asservissement du peuple qu’ils occupent.
Enfin, nous tenons à rappeler que le peuple camerounais n’est plus dupe et ne se laissera pas distraire.
«
Le secrétaire général du Rdpc a mis fin au suspense
»
Hubert Kamgang, président de l’Union des populations africaine (Upa)
Sachant que Paul Biya a modifié la Constitution pour se représenter à la prochaine élection présidentielle, je me réjouis que son ministre chargé de mission, sous couvert de son titre de secrétaire général du Rdpc, ait mis fin au suspense. Monsieur Biya est donc candidat aux prochaines présidentielles. Les choses sérieuses peuvent commencer, parce que jusqu’à présent, j’avais besoin d’un concurrent pour qu’on commence à exposer nos visions respectives et nos projets de société.
Ce qui se passe actuellement est une mise en scène. Ce n’est pas nouveau. La nouveauté, c’est que ce ne sont plus les militants de base qui le demandent. Mais, c’est son chargé de mission qui le demande. Paul Biya est président du Rdpc jusqu’en 2011. A ce titre, il est candidat statutaire du Rdpc à la prochaine élection présidentielle. En fait, la campagne officielle a commencé. Il ne peut pas anticiper les élections, car la Constitution ne l’y autorise pas. De plus, anticiper les élections présidentielles, ce serait mettre à l’écart Elecam. Nous avons donc deux années de campagne. Ce sera le libéralisme communautaire contre le panafricanisme. C’est-à-dire la Françafrique, dont M. Biya devient le doyen en Afrique, contre la fin du pacte colonial dont Hubert Kamga est le chantre. Paul Biya ne précipite jamais rien. Il espère occuper seul le terrain. Mais comme vous le verrez, il n’est pas seul.
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