Michael Ngako Tomdio a du pain sur la planche. Le ministre de l’Energie et de l’Eau a particulièrement été interpellé par le président de la République, Paul Biya, le 03 juillet 2009. « Dans le secteur énergétique, trop de temps a été perdu. Trop d’efforts dépensés en pure perte », a reconnu Paul Biya. « Les responsables de ce secteur devront dans les six mois rendre compte des actions entreprises », a ordonné le président de la République. Depuis ce conseil de ministériel, Michael Ngako Tomdio Il multiplie les rencontres dans son département ministériel. Hier, 15 juillet 2009, c’était le tour des acteurs du secteur pétrolier.
Avant-hier, Aes-Sonel et le staff du ministère se sont entretenus pendant près de huit heures, avec une seule pause, précise une source au Minee. Selon certaines indiscrétions, l’on annonce une réunion avec les responsables de l’Agence d’électrification rurale. Objectif : répondre aux attentes du président.
Dans ce contexte, difficile de rencontrer le ministre. «Très occupé », affirme-t-on. Mais un de ses proches collaborateurs indique que le ministre a fait pression pour la mise en œuvre à court terme de certaines actions. Aes-Sonel a été obligée de rattraper son retard en ce qui concerne son programme d’investissement pour la réhabilitation et la rénovation des centrales électriques et certains aspects du réseau, apprend-on. Autre urgence, donner toutes les chances à la proposition chinoise de financer le barrage hydroélectrique de Memve’ele (201 Mw) sur le fleuve Ntem. Il faudra également résoudre l’équation Electricity Development Corporation, chargée de lancer le barrage de Lom Pangar.
On se rappelle que lors du dernier conseil d’administration extraordinaire de cette société, un co-signataire avait été imposé au Dg Célestin Ndonga, pour tout acte engageant financièrement Edc. Certaines sources affirment que le ministre a reçu Célestin Ndonga le lendemain de sa nomination. Notre informateur affirme également qu’il est fort possible que Michael Ngako Tomdio appelle la Snh et la société Perenco à conclure rapidement l’accord sur le prix de cession du volume métrique de gaz afin de débloquer le projet de construction de la centrale à gaz de Kribi ( 216 mégawatts extensibles à 330 Mw). Tous des projets longtemps annoncés. La seule certitude, affirme-t-on au Minee, c’est la finalisation de la centrale thermique au fioul lourd de Douala (Dibamba) qui sera prête en août 2009.
Le Minee s’affaire donc à atteindre des résultats, malgré le bref délai. Selon le décret du 29 mars 2005 qui organise ce département ministériel, le Minee a pour mission d’élaborer, de mettre en œuvre et d’évaluer la politique du gouvernement en matière de production, de transport et de distribution de l’énergie et de l’eau. A ce titre, il assure la tutelle des établissements et sociétés de production, de transport, de stockage et de distribution de l’électricité, du gaz, du pétrole et de l’eau et de la Société camerounaise des dépôts pétroliers.
Paul Gérémie Bikidik : « En 180 jours, le ministre ne réussira pas à résorber le déficit énergétique »
Le président du Réseau associatif des consommateurs de l’énergie (Race) évalue le délai fixé par le président de la République.
Le délai fixé par le président de la République aux acteurs du secteur énergétique est-il raisonnable pour réaliser des grands projets ?
Il est évident qu’en 180 jours le ministre de l’Energie et de l’Eau, Michael Ngako Tomdio, ne réussira pas à résorber le déficit chronique en énergie électrique. Néanmoins, il est possible qu’en faisant preuve de dynamisme dans l’action et en étant un peu plus ferme vis-à-vis des opérateurs de ce secteur névralgique de notre économie, notamment en exigeant l’application scrupuleuse des clauses des contrats de concessions, qu’il fasse bouger les choses et poser les jalons d’une production énergétique à la hauteur des ambitions du développement économique du Cameroun.
Je pense que, comme tous les Camerounais, le Chef de l’Etat attend des résultats concrets, ne serait-ce que l’amorce d’une solution à ce problème. Je rappelle que le Cameroun a le deuxième meilleur potentiel hydroélectrique d’Afrique et que moins de 3% de ce potentiel est exploité.
Quel regard portez-vous sur la pluralité des acteurs dans le secteur de l’énergie au Cameroun ?
Les intérêts du pays et du consommateur doivent être inscrits au cœur des politiques publiques en matière d’énergie et avoir la primeur sur toute autre considération. La Kribi Power Development Corporation (Kpdc) n’a pas de raison d’être dès lors qu’il existe Electricity Development Corporation (Edc) qui est une entité étatique dont la principale mission est la gestion du patrimoine de l’Etat dans le secteur de l’énergie électrique.
Comment élaborer une politique énergétique cohérente dans un tel contexte ?
La politique énergétique du gouvernement a toujours privilégié les projets de grande envergure tels que les grands barrages de retenue et de production hydroélectriques. Nous pensons que pour obtenir un résultat plus harmonieux et équilibré entre toutes les régions du pays, il faudrait aussi favoriser les petits et moyennes infrastructures dans chaque région. De tels projets ont l’avantage d’être moins onéreux et technologiquement accessibles. L’eau étant la matière première dans la production hydroélectrique est gratuite et largement répandu sur l’ensemble du territoire national, les pouvoirs publics peuvent décider d’encourager la construction de petits barrages de moins de 10 Mw afin d’atteindre plus aisément les objectifs du Programme énergétique national. Avec une bonne volonté politique, il est possible de mettre en place une politique énergétique cohérente au Cameroun.
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