Le directeur général de Leader Price révèle que les produits avariés de son magasin sont détruits.

Comment gérez-vous les aliments périmés à Leader Price ?
La gestion des produits dans les supermarchés est très difficile, parce qu’il y a des milliers de références et des milliers de produits. Quand on parle de produits avariés, tout dépend du type de produit. Déjà, ce n’est pas volontaire de la part d’une enseigne de vendre des produits qui ne sont pas propres à la consommation. C’est encore plus compliqué quand il s’agit des conserves qui ont des dates de péremption très longues. Si la date est dépassée, c’est en général un problème de vigilance de la part des personnes qui gèrent les produits, l’approvisionnement et les dates de ces produits dans les rayons.
Que deviennent les produits avariés dans vos magasins ?
Chez nous, ces produits sont acheminés chez un huissier et chez un docteur vétérinaire qui procèdent à la destruction. L’avantage, quand vous procédez de cette manière, plutôt que de jeter à la poubelle, c’est que vous avez des déductions fiscales sur ces produits, car on ne peut pas perdre 100% de la marchandise. N’oubliez pas que pour importer un produit ici, nous payons un certain nombre de taxes. Si après vous avez une perte, il faut une déduction fiscale.
Vous arrive-t-il très souvent de détruire ainsi des marchandises ?
Oui. Nous le faisons régulièrement et systématiquement.
A quelle fréquence ?
Honnêtement, je ne peux pas vous le dire. Il n’y a pas de règle en la matière. Cela dépend de la grandeur de la structure.

Philippe Tagne


« Nous renvoyons certains produits périmés au fabricant »

Le directeur général du supermarché Dovv dit retourner la marchandise avariée au fabricant dans la mesure du possible.

Comment se passe le contrôle de la qualité des produits dans votre supermarché ?
Nous procédons à des contrôles très réguliers. Dans un supermarché, on peut avoir 13 000 variétés de produits. C’est un travail kafkaïen. A la limite, vous avez trois ministères qui effectuent des contrôles : le ministère de la Santé, celui des Industries, des Mines et du Développement technologique et le ministère du Commerce. Il y a également la mairie et la Communauté urbaine qui contrôlent. Si cela échappe à tous ces gens-là, on peut bien dire que ce n’est pas volontairement qu’on laisse un produit périmé dans un rayon.
Que se passe-t-il au supermarché Dovv quand un produit est périmé ?
Quand un produit est périmé chez nous, on le détruit. On n’a pas d’autres moyens. Si nous avons la possibilité de le rendre au fabricant, nous le faisons. Sinon, tout ce qui reste à faire, c’est la destruction.
Vous est-il souvent arrivé de retourner des produits périmés ?
Oui. Nous renvoyons certains produits au fabricant, mais pas pour qu’il les remette sur le marché. C’est pour qu’il les détruise et nous donne un nouveau stock de rechange. C’est par exemple le cas de Camlait qui le fait tout le temps.

Delor Magellan Kamseu Kamgaing

« Nous allons mener des actions coriaces pour faire changer la donne »

Le président de la Ligue camerounaise des consommateurs affirme que ce n’est pas la première fois que des aliments périmés sont trouvés dans les rayons de Casino.

Quel est votre réaction après la découverte des produits périmés dans les rayons de Casino ?
Je tiens à dénoncer l’indifférence et l’arrogance des responsables de cette société face à la presse. Ce n’est pas la première fois qu’une telle découverte est faite dans ce magasin qui s’appelait à l’époque Score. Nous avons recensé les plaintes de certains consommateurs à ce sujet nous avons décrié cette situation auprès des autorités sanitaires compétentes. Malheureusement, rien n’y est fait. Ce qui démontre assez clairement la complicité de ces derniers vis -à-vis de cet opérateur visiblement peu préoccupé par la qualité des produits distribués.
Je lance donc ici un appel à toutes les victimes de cette pratique pour qu’elles se rapprochent de nous afin que des actions d’envergure soient menées, pour contraindre les responsables de Casino à comprendre que, comme le souligne le leitmotiv de notre association, « le consommateur doit être roi ».
A présent que la Ligue camerounaise des consommateurs est au courant de cette situation, que va-t-elle faire ?
Dans les prochaines semaines, la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc) envisage des actions pertinentes et coriaces pour faire changer la donne. La Lcc exhorte les consommateurs à toujours réclamer et garder les reçus des achats. J’invite tous ceux qui possèdent des reçus des produits périmés qu’ils ont achetés à nous rejoindre, afin que nous entamions une action en justice contre cette société non citoyenne qui nargue non seulement les consommateurs, mais aussi la presse. Comme par le passé, la Lcc compte sur les consommateurs qui doivent la saisir chaque fois qu’ils font face à ce genre de situation.
Que fait la Ligue camerounaise des consommateurs pour s’assurer que les produits vendus dans les supermarchés du Cameroun sont de bonne qualité ?
La Ligue camerounaise des consommateurs comporte en son sein un département des produits, qui comprend un service des produits alimentaires. Des chargés de mission sillonnent les supermarchés régulièrement, pour s’assurer de la qualité des produits proposés aux consommateurs. Ce qui en résulte le plus souvent, c’est que ces commerces bradent leurs produits dont la date de péremption est proche. Nous précisons que nous n’avons pas qualité pour contrôler la qualité des produits, mais pour observer et dénoncer la vente d’un produit non conforme à l’hygiène alimentaire. Des fonctionnaires payés par les contributions fiscales des consommateurs pour accomplir cette tâche préfèrent le confort de leurs bureaux et quand, quelques rares fois ils visitent ces sociétés, c’est plus pour la santé de leur portefeuille que pour celle du consommateur.